Importées en Amérique par les colons d'Europe durant la dernière partie du XVII eme. siècle, les armes de chasse ou " jeager " avaient déjà un canon rayé octogonal de forte section et de gros calibre. De taille moyenne le fût et la crosse étaient massifs et ressemblaient encore aux armes précédentes, décorations précieuses en moins. Néanmoins l'arme avait évolué et la crosse avait pris une forme plus propice à être épaulée. Sur le côté droit de celle-ci, une petite cavité recouverte par un couvercle coulissant en bois, abritait les morceaux de tissu qui servaient à envelopper la balle, elle possédait également une bretelle de maintien.
Au XVIII eme. siècle, au cours de la première phase de colonisation de la côte Atlantique de l'Amérique du nord et du Canada, les colons, devenant plus nombreux, la demande en armes s' accrû et un petit commerce international vit le jour.
Les premiers exemplaires du " jeager " avaient été importés par leurs propriétaires et leurs inconvénients majeurs allaient vite apparaître. Canon trop lourd, calibre trop important, crosse et fût mastoc.
D'autre part, la situation de ces nouveaux territoires était très différente de celle de l'Europe, tout ce que l'on pouvait s' y procurer était bien entendu importé, la poudre et le plomb étaient des matériels rares et coûteux. Aussi le " jeager ", arme très gourmande justement de ces choses, ne pouvait faire l'affaire très longtemps.
D'un autre côté, dans ces régions d'Amérique du nord, on peut décrire la situation du chasseur en disant qu'il n'existait que du gros gibier.
Aussi dans ces contrées immenses, ou les points de ravitaillement étaient peu nombreux, le chasseur devait emmener sur lui les provisions en quantités suffisantes, et, à cet effet, il était préférable pour lui d'avoir à sa disposition une arme qui tire de petites balles en utilisant peu de poudre. Ce qui lui permettait de tirer plus de fois, à quantité égale de fourniture. Le calibre s'établit autour de 11 mm.
Afin d'être très puissant avec peu de poudre, il fallait que celle-ci brûla en totalité. Pour ce faire la longueur du canon s'allongea et s'établit naturellement entre 45 et 60 " inches ". Ce qui allait donner pour les armes les plus longues une taille de près de deux mètres, tout de même ! Toutes possédaient des organes de visée. En s'allégeant le bois devint plus fin et la ligne plus élégante, plus gracieuse. La boite à calepin à couvercle coulissant en bois laissa peu à peu la place à un rangement en laiton ouvragé qui allait devenir le signe de reconnaissance de ces armes. Du fait de la fragilité de son bois, l'arme perdit alors sa bretelle de transport .
Les armes commencèrent donc à être fabriquées sur place, à la demande de l'acheteur, par une foule de petits artisans, qui souvent, à l'exception des platines, fabriquaient tout le reste, canon y compris. La réalisation du canon étant une tache longue et compliquée, mais dont la qualité donnait la valeur finale à l' arme. Il va de soit que chaque artisan avait créé son propre calibre et son propre pas de rayure.
Certains d'entre eux furent de véritables artistes, arrivant à marier harmonieusement et gracieusement les matériaux entre eux jusqu'à en faire de véritables oeuvres, ou tout du moins reconnues comme telles de nos Jours.
Les fabriques d'armes étaient principalement installées en Pennsylvanie, qui, à l'époque, ne comprenait que trois contés, ceux de Bucks, Philadelphie et Chester. Celui de Lancaster n'étant formé que plus tard, en 1729.
A partir de 1740, des armuriers européens s'installèrent dans cette nouvelle province qui devint rapidement célèbre grâce à sa belle production d'armes, si bien que celles-ci prirent le nom de Pennsylvanian long rifles. La production prit de l'ampleur, les décorations devinrent de plus en plus évoluées, les sculptures et les incrustations de plus en plus nombreuses et criardes, jusqu'à devenir surchargées à l'extrême. Aux alentours de 1780 son déclin s'amorça pour laisser place à des fabrications plus conventionnelles.
Cependant une histoire incompréhensible remplacera le nom de cet état par celui d'un autre, situé à presque 800 Km de là, le Kentucky. Et de nombreuses personnes utilisent aujourd'hui de bonne foi ce terme impropre, en parlant de Kentucky Long Rifles pour désigner ces armes.